Saint Vincent de Durfort
Historique
L'église de Saint Vincent de Durfort se présente extérieurement comme une modeste église de campagne, en partie insérée à l'arrière dans d'autres bâtiments. Sa façade est très simple et surmontée d'un campanile en pierre de tailles auquel on accède par un étroit escalier collé au mur Nord. Au Sud, de puissants contreforts ont été ajoutés pour renforcer le mur.
Elle est dédiée à St Vincent, qui a aussi donné son nom à la commune. Ce diacre de Saragosse, en Espagne, martyr au début du 4ème siècle, est vénéré en particulier dans les régions de vignoble.
Il est difficile de dater précisément l'édifice qui a souffert des guerres religieuses et a sans doute été remanié plusieurs fois. La nef voûtée en plein ceintre semble d'origine romane. Dans la sacristie, qui se situe au fond de l'abside, on note la présence d'un départ d'arête tronqué, ce qui laisserait penser que le choeur ait pu être couvert par une croisée d'ogive gothique. Après une destruction, il aurait été reconstruit plus grossièrement, et obstrué par un grand mur sur lequel a été appuyé le maître-autel. Le 31 juillet 1583, Nicolas de Vesc, envoyé de l'évêque de Viviers, note : "L'église est en ruine et déserte. Aucun office ne s'y est fait depuis les troubles; il n'y a point de curé, tous les habitants sont protestants." En 1664, l'église de St Vincent de Durfort est notée sur un arrêt donnant la liste des églises de la région devant être réédifiées ou réparées.
On peut donc être presque certain que l'aspect actuel de l'église lui a été donné dans cette période de la fin du 17ème et du début du 18ème siècles, c'est à dire après la révocation de l'Edit de Nantes qui obligea les protestants à se "convertir". La façade date probablement de cette époque. La cloche fut baptisée en 1731. Son parrain était M. de Monteil, sa marraine la comtesse de Bavas. On sait aussi par un acte du notaire Jallat que les murs ont été crépis en 1745, tant à l'extérieur qu'à l'intérieur.
Il est difficile aussi de dater les deux chapelles s'ouvrant sur le côté Nord de la nef. La première est dédiée à St François-Régis et possède un caveau funéraire marqué par une dalle portant un anneau de fer. C'était la sépulture, jusqu'à la Révolution, de la famille Lapize de Sallée, du château des Plantas, situé au bord de l'Eyrieux. La seconde chapelle est celle de la Vierge. Les autels de ces deux chapelles sont en gypserie décorée de faux-marbres.
Dans le choeur existe un autre caveau, peut-être celui des prêtres. Le maître autel est orné sur sa partie haute de faux-marbres et sur sa partie basse d'un moulage naïf représentant Saint Vincent, patron de la paroisse. Il est surmonté d'une grande toile, non datée, représentant le Christ en croix entouré de la Vierge et de Saint Jean. Par son style, elle rappelle des tableaux de l'époque de Louis XIV, mais elle peut avoir été réalisée plus tard. Elle mériterait une restauration.
Lors d'un bombardement allemand, en 1944, la quasi totalité des vitraux ont été détruits et ont été remplacés par de simples vitrages. Peut-être les travaux en projet permettront-ils de les remplacer.
La paroisse, ayant toujours été très pauvre, n'a que peu d'objets précieux. On peut noter cependant la présence d'un beau meuble de sacristie du début du 18ème siècle, un encensoir 18ème signé Chillet, bossetier à Lyon, un ostensoir en vermeil du début du 19ème siècle.
P.Frédéric Seiller
Sources :
Article de Benoît d'Entrevaux paru en 1911 dans "la Revue du Vivarais"
Notes de M. et Mme Autrand parues dans l'Echo en 1995
Visite de la commission d'Art Sacré du diocèse de Viviers, du 7 mars 2000